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Maîtriser les effluents pour l'environnement

Le recyclage des solutions alcalines de détartrage réduit les volumes d’effluents toxiques à traiter © MatéVi
Le recyclage des solutions alcalines de détartrage réduit les volumes d’effluents toxiques à traiter

La charge polluante constituée par les solutions de détartrage est très importante. Elle est constituée principalement d’eau. C’est, dans un premier temps, par une meilleure gestion des flux d’eau en cave que la maîtrise de la charge polluante sera possible, en :
- Limitant l’impact de la charge polluante et donc préservant la qualité du milieu naturel
- Limitant la consommation d’eau

Outre les répercussions environnementales, l’optimisation de cette charge a également un impact économique, en :
- Réduisant la facture d’eau
- Réduisant la facture liée à la gestion des effluents en aval (infrastructures, fonctionnement, maintenance)
- Optimisant le traitement épuratoire des effluents vinicoles

La sensibilisation du personnel est un facteur important pour réduire les consommations d’eau sans remettre en cause la qualité du détartrage. Ne pas laisser un robinet ouvert inutilement (par l’utilisation de pistolet à arrêt automatique), réaliser des pré-nettoyages à sec, contrôler les installations pour chasser les fuites masquées ou visibles, sont autant des gestes élémentaires permettant l’économie de l’eau. Le résultat est avant tout lié au souci permanent du personnel d’encadrement de limiter le gaspillage. Le suivi des consommations est fortement recommandé pour prévenir toute surconsommation.

Réduire le volume d’eau et la charge polluante, consiste également à optimiser la procédure mise en place : nature et concentration du produit, temps de contact, température, importance de l’effet mécanique. Ces paramètres ont déjà été présentés et on insistera juste sur l’utilisation d’eau chaude au prélavage, la bonne adéquation du système d’arrosage avec le volume de la cuve et l’importance du contrôle de rinçage.

L’utilisation du canon à mousse pour les surfaces ouvertes (et parties verticales en particulier) est un outil qui permet de réduire de façon significative les volumes d’effluents et d’eau surtout (pour le rinçage notamment).

Une réduction importante de la charge polluante peut être obtenue par une récupération de la solution de détartrage, associée à un recyclage du tartre (photo ci-contre). Cette méthode consiste à utiliser une solution de détartrage, spécialement mise au point, afin d’obtenir une dissolution importante du bitartrate.

D’un point de vue pratique, la concentration de la solution en bitartrate, inversement proportionnelle au potentiel de dissolution, est suivie par densité.

Le recyclage du bitartrate est réalisé selon une méthode mise au point par J-P. Faure. Dans le liquide de détartrage, la première précipitation sous forme de tartrate acide de potassium est effectuée par acidification (acide sulfurique) du milieu, jusqu’à un pH de 3,56

La solution à traiter est placée dans une cuve d’agitation pendant 1 heure, puis suit une décantation de 12 heures. Les cristaux sont alors récupérés et séchés. Le surnageant qui contient encore plus de 20 g d’acide tartrique est traité par une distillation. Ces jus sont acidifiés puis un lait de carbonate de calcium est ajouté. Cette acidification permet de former du sulfate de calcium, indispensable à la récupération de la moitié de l’acide tartrique non précipité par le carbonate de calcium. Les cristaux de tartre de calcium récupérés sont essorés puis séchés.

Ce type de recyclage et récupération doit être privilégié pour les caves de taille importante. A l’échelle du chai plus petit, cette récupération passe par des centres de collecte locale ou régionale.

Le recyclage des emballages vides de solutions commerciales détartrantes, est un moyen supplémentaire de maîtriser les effluents.

Le dernier facteur important qui influence la charge polluante, par l’aptitude à la formation et adhésion de tartre, est la nature du matériau. Ainsi, l’importance de l’entartrage dépend de la nature de la surface (tableau 5) et de son état de surface.

Tableau 5 : Aptitude au détartrage des différents revêtements de cuve

Matériau (cuve)

Aptitude à l’entartrage

Résistance au décollement

Incidence sur les eaux de prélavage

Nécessité d’un détartrage

Béton brut, bois

Forte

Forte


Volume élevé, flux de pollution important

Oui (polluant)

Revêtement époxy

Forte

Faible

Volume d’eau élevé, flux de pollution important

Non

Inox 2B, fibre de verre

Moyenne

Moyenne à Forte

Volume d’eau et flux moyens

Souvent (assez polluant)

Inox électropoli

Faible

Faible

Volume d’eau et flux très faible

Non

Cuve inox et bois © Adobe stock
Cuve inox et bois

Les cuves en béton brut et en bois retiennent fortement le tartre. Les volumes d’eaux nécessaires au prélavage et les flux de pollution sont conséquents, d’autant plus qu’une opération de détartrage sera nécessaire.

Les dépôts sont plus faibles sur les cuves en Inox B2 (inox couramment utilisé dans la filière) et en fibre de verre, mais un détartrage s’impose souvent. Le revêtement époxy s’entartre facilement mais le décollement est facile : les eaux de lavage et flux sont importants, mais le détartrage n’est pas nécessaire. L’électropolissage de l’inox limite fortement l’entartrage : les volumes d’eau et les flux de pollution sont très faibles et le détartrage n’est pas nécessaire.

L’état d’usure des surfaces est à prendre en considération pour la procédure mise en place, copyright MatéVi
L’état d’usure des surfaces est à prendre en considération pour la procédure mise en place

Inox et détartrage

L’entartrage d’une surface en acier inoxydable (inox) dépend du type de finition. La finition glacé de laminage à froid décapé (codifiée 2B) est la plus couramment utilisée. Le recuit brillant (codifié 2RB), dont la rugosité est plus faible, limite l’accrochage du tartre par rapport à la finition 2B. C’est la surface électropolie qui présente la plus faible aptitude à l’entartrage, mais présente un investissement bien supérieur, qui peut « se récupérer » à long terme

La nature des soudures (cordon de soudure) a une incidence sur l’aptitude à l’entartrage : il est plus important pour une soudure brute (décapée ou non) que sur soudure polie ou meulée.

Enfin, quel que soit le matériau, l’état d’usure change considérablement l’aptitude à l’entartrage ; il concerne les surfaces (paroi de la cuve, porte de décuvage,..), mais également les joints (photo ci-contre).

Pour aller plus loin dans la mise en œuvre du détartrage

-    Le détartrage
-    Préambules à l’opération de détartrage
-    L’opération de détartrage
-    Paramètres pratiques de mise en œuvre
-    Charge organique
-    Sécurité